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Le storytelling n'est pas une théorie
6 novembre 2012

Eloge du méchant : James bond Skyfall #storytelling

Capture d’écran 2012-11-06 à 12

Vous vous êtes certainement déjà demandés 100 fois si vous deviez cesser vos prélèvements automatiques mensuels à Médecins du Monde. Et puis, pris de remords, de compassion devant les images de ces enfants du bout du monde, décharnés, vous y avez renoncé, convaincus qu’ils comptaient vraiment sur vous. Après tout, ces 5 euros mensuels n’auraient de toutes façons servis qu’à payer un petit crème au café du coin et franchement à côté de la satisfaction quotidienne d’être un héros, ça ne ferait pas le poids très longtemps. On est tous comme ça ! Tiraillés entre Bien et Mal, altruisme et égoïsme, instincts de plaisir et de mort.

C’est exactement ce qui m’est arrivé devant le nouveau James Bond : Skyfall.

Confortablement installée dans une salle bondée à craquer de spectateurs tous fans de testostérone élégante, j’attendais, une fois de plus, de voir le méchant, ce vice incarné se faire remettre à sa place par notre héros international. Enfin, un film où tout le monde devrait être à sa place !

Forte de ces certitudes sur le Bien et le Mal, équipée de mon mug géant de pop corns, j’étais fin prête à voir LE mâle protéiné dans son costume sur-mesure, combattre la lie de la société.

Après une heure de détours et d’hésitations à se chercher dans l’alcool, l’œil perdu dans un bar du bout du Monde, l’histoire démarrait enfin ! James avait pris sa décision, oui, il reviendrait, oui, il sauverait ce monde pourri jusqu’à l’os, le MI6 et l’’humanité avec. Jusque ici, tout va bien : je m’accroche, je me prépare à découvrir le Mal avec une certaine dose d’impatience tout de même.

1h15 après le début du film, ça y est première apparition  du Méchant : Javier Bardem !  Le même que dans Vicky Christina Barcelona mais dans sa face sombre en mode Quasimodo !

Capture d’écran 2012-11-06 à 12

Un Javier Bardem drôle, décomplexé, un méchant geek blond péroxydé. Du pur bonheur dans ce dédale de clichés.

Mais qu’est ce qui m’arrive ? Je me surprends à attendre ses apparitions, ses grimaces, ses blagounettes second degré.
Le méchant serait-il plus attachant, plus humain que le gentil 007 ?
Impossible, je lutte.

Mais si : le Mal est vraiment humain : il rit, il pleure, il cherche sa maman, il est jaloux de son frère d’arme le gentil Héros 007. Il réclame de l’amour lui aussi.

Ce n’est pas du tout normal, ça !

James Bond, je te rappelle que c’est toi, le Bien, le Héros et à côté de ce sublime méchant tu passes pour un pantin manipulé dans une histoire oedipienne.

Mais réveille toi, James !

Tu ne peux pas te battre pour l’exclusivité d’un amour maternel, pas toi ! Je ne sais pas, trouve toi une sublime James Bond Girl à aimer, à défendre.

1h45 de film et une toute petite apparition de la jolie méchante qui meurt au bout de 10 minutes sans que personne ne s’y attache. Pas de sortie de l’eau en bikini, pas de brushing à l’abri des balles, rien que 2h05 de gros plan sur M(aman).

Même la fin continue à s’acharner sur ce Héros avec un ultime combat où le méchant se fera planté un couteau dans le dos.

2h05 de film, je sors avec la nette impression que Javier Bardem, le méchant a tenu le film contre un héros, James Bond, qui a tout d’un candidat de « qui veut épouser mon fils »… un gentil fiston à sa maman et une M(aman) qui prend trop de place.

Jamais Héros n’aura été plus lâche,  plus éclipsé par la présence de ce Méchant grandiose que dans ce dernier opus de James Bond.

Je suis sortie écoeurée et convaincue que finalement, Médecins du Monde c’est terminé.

Désormais, ce sont les méchants qui peuvent sauver le Monde.

 

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