Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le storytelling n'est pas une théorie
15 novembre 2012

La conférence de presse de François Hollande : Le Bourgeois Gentilhomme à L’Elysées !

Ce soir, je me suis installée devant le site de l’Elysées pour regarder la conférence de presse de François Hollande.

Bien décidée, enfin, à voir, décrypter, aimer, celui qu’on appelle l’homme politique le plus gentil, j’écoute, j’observe. Ce qui m’intéresse, ce qui me plaît chez les politiques comme dans la vie, ce que je retiens, ce sont les histoires, les discours qui embarquent, qui vivent, qui vibrent. Un peu comme tout le monde, je crois. Je visionne donc les 43 minutes pour savoir si Monsieur Hollande a endossé ce rôle d’éclaireur, de mobilisateur comme nous l’avait annoncé la presse.

Après ces 43 minutes, le verdict tombe : je ne retiens pas grand chose. Ne renonçant pas, je décide de profiter de la mise en ligne de ce discours par l’Elysées pour re-visionner une seconde fois, j’ai peut être raté quelque chose.

Allez François Hollande conférence de presse : deuxième !

Cette fois, je ne me concentre davantage sur la structure du discours pour le découper de manière chirurgicale et chercher ses intentions comme je le ferai pour un de mes clients.

Enfin, l’illumination : je comprends ! François Hollande et le Storytelling, mais bien sûr ! Tout devient évident. François Hollande a respecté scrupuleusement les recettes du Storytelling pour cette conférence de presse. Bien sûr ce n’est pas encore évident au premier coup d’œil mais quand on y regarde à deux fois, on se rend compte que toutes les ficelles y sont : l’annonce des idées principales de son discours au début,  le rappel de ses trois missions ou quêtes : l’Europe, la dette et la compétitivité, le schéma narratif avec sa situation initiale- il montre bien d’où il part, sa situation finale- il décrit bien là où il veut arriver : la croissance et la baisse du chômage, ses éléments de résolution- les hausses d’impôts, de taxes, les aides, la solidarité, l’innovation, etc…

Tout y est mais il manque quand même deux éléments essentiels pour avoir histoire réussie et un storyteller de génie :

-       Le premier élément manquant est l’explication sensible, humaine de l’intrigue de son quinquennat ! Que doit combattre le héros Hollande ? Quel grand projet a-t-il pour la France à part celui de la remettre à niveau, excepté l’ambition d’exister dans un monde de grands méchants loups ? Quelles grandes idées va-t-il imposer, déployer pour faire rêver ? Pour embarquer ? Pour qu’on y croit ? Pour qu’on ait tous envie de mettre la main au porte monnaie ? Pour qu’on se sente enfin impliqué dans le projet France, dans son projet à lui ?

-       Le deuxième élément manquant est l’incarnation crédible d’un héros : quel héros veut-il être ? N’est ce pas là le vrai problème de François Hollande ? Ne nous a t il pas un peu trop habitués à cet anti héros, ce monsieur Tout le Monde un peu mal habile mais sympathique, bonhomme, bien dans ses baskets ? Comment passer d’un Clotaire dans le Petit Nicolas à un Robin des Bois ? Il est clair que le problème le plus important du discours de ce soir a résidé dans ce passage, cette transition nécessaire du bon pote François au héros Hollande ! Il y avait encore trop d’hésitations entre un Monsieur Tout le Monde « sans virages, sans détours » et un bon élève, qui a fait une grande partie des devoirs qu’il s’était donné dans son programme. Des épaules un peu trop basses, un regard par dessous, il a égrèné méthodiquement pendant 43 minutes tout ce qu’il a fait depuis 6 mois avec l’application d’un premier de la classe. Cependant, il a quand même essayé une nouvelle posture grâce à des intonations d’élève de la Comédie Française : une  voix un peu haute lorsqu’il démarre avec ces mots « Messieurs les Ministres, Messieurs les journalistes… », grâce à des tournures à la Molière : « M. Gallois est un homme de bien ».  En l’écoutant, on l’imagine choucrouté d’une perruque talquée, chaussé de brodequins, arnaché d’une canne à pommeau dorée. Ce soir François Hollande est passé de Monsieur Tout le Monde au Bourgeois Gentilhomme.

Le résumé des premiers pas dans le Storytelling du gentil président se résume ainsi : il aura tenté d’être le héros désuet d’un autre temps mais a manqué l’intrigue, la dramatisation de son quinquennat qui aurait pu embarquer les foules.

Cependant, même si la magie n’a pas tout à fait opéré, cette tentative de changement lui permettra peut être de sortir de l’impasse de l’éternel Monsieur Tout le Monde trop loin du héros attendu par les français.

Ce soir, nous avons assisté à l’entrée de la chenille dans sa chrysalide. La mutation du Héros Hollande est en marche !

 

Yaël Gabison

Spécialiste du Storytelling

Fondatrice du cabinet Smart Side

Auteure du livre « Boostez vos présentations avec le Storytelling » sortie le 30 novembre chez Eyrolles

Publicité
Publicité
Commentaires
Le storytelling n'est pas une théorie
Publicité
Archives
Publicité