Je n’aime pas Scorsese, pardon !
A peine sortie du dernier Scorsese : Le loup de Wall Street, je peste ! Oui, oui, je peste. Comment est ce possible de faire un film aussi ringard en 2014 ?
Un hymne à la drogue, aux érections, aux entrejambes épilés... totalement... au laser, aux femmes objets, aux blagues de potes vulgaires… Tout cela pendant 3 heures. En gros, un film que le rappeur Bouba aurait pu produire sans se forcer.
Le Loup de Wall Street est, certes, un hommage à l’Homme tout puissant, mais c’est aussi, selon moi, le film de trop de Martin Scorsese.
Le maître du machisme nous y dépeint encore et toujours un tableau où le mal ne peut être autre chose que la norme. Au travers de la vie d’un héros pourri jusqu’à l’os, peu enclin au remords et qui gagne sa virilité en « arnaquant » (je devrais dire "baisant" pour être dans le ton du film) ses congénères, tout aussi humains et avides que lui. Une ode au Wall Street des années 80 à laquelle aujourd’hui, on voudrait tant échapper mais qui nous colle à l’époque, comme l‘enfer.
Encore une fois, Scorsese nous démontre, comme si c’était nécessaire, que l’argent rend fou et que le reste mène nulle part (même le bon flic ne sert qu’à montrer l’impossible rédemption de la Société).
Ce pitch serait intéressant s’il ne s’était pas autant appesanti sur le folklore machiste et le manichéisme, son fond de commerce.
Des longueurs, des détours inutiles et une situation initiale (un début) qui n’en finit pas de décrire le pathétique Jordan Belfort, son ascension, ses frasques et autres détails qui font du film un biopic interminable sans intrigue, une blague colorée, un clip esthétique sans fond...
Bref, Scorsese nous refait un film des années 80, pour les nostalgiques des années 80 mais en 2014. Quel intérêt ? Est ce pour illustrer le bégaiement de l’Histoire et de ses ressorts cupides ? Ou encore pour réconquérir une cible masculine en mal de testotérone depuis les infiltrés ?
Si c’est le cas, en effet, tous les 15-35 ans qui se demandaient quoi faire de leur avenir trouveront en regardant le Loup de Wall Street, deux voies aussi sûres que nauséabondes : l’arnaque ou la vente de drogue… C’est, en tous cas, ce que ce film leur propose pour seule condition humaine.
Un « no future » que Scorsese nous impose encore et toujours depuis Taxi Driver avec une chance inouïe : celle de trouver des monstres sacrés pour porter cette vision (Léonardo Di Caprio est jouissif dans le rôle). En faisant cela, une fois de plus, il plombe cette génération et toutes celles à venir... plus génant, il occulte un fait majeur depuis les années 90 : la féminisation de l’Homme et de la Société qui apportent une sensibilité et peut être un nouvel espoir pour le Monde.
Je n’aime pas Scorsese, pardon !